Les larmes de Satan - Intégrale by Gilles Milo-Vacéri

Auteur:Gilles Milo-Vacéri [Milo-Vacéri, Gilles]
La langue: fra
Format: epub
Tags: ZP Lit. Générale
Éditeur: Éd. Du 38
Publié: 2019-05-15T22:00:00+00:00

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Un peu avant dix heures du matin, ils furent en vue de Dreux et n’avaient rencontré aucun problème. Les précieuses indications de Legros leur avaient certainement évité de nombreuses mauvaises rencontres.

— Jacques m’a conseillé de passer par l’Ouest pour contourner la ville. Prochain croisement, tu prendras à droite, annonça Antoine à son chauffeur.

La circulation avait été inexistante puis réduite jusqu’à présent. Depuis peu, ils commençaient à croiser de plus en plus de véhicules ennemis. Toutefois, en évitant de traverser Dreux, ils pensaient pouvoir passer à travers les mailles du filet, avec la même réussite qu’à Évreux.

Le temps était au beau fixe et la route sinuait tranquillement. Soudain, au croisement suivant, ils virent deux feldgendarmes, debout devant leur moto. Ils leur firent signe de prendre à gauche, barrant le passage pour accéder à la départementale qui continuait tout droit.

— Merde ! Qu’est-ce que ça veut dire ? grommela Jean-Paul. Je passe en force ?

— Non, surtout pas, on se contente d’obéir. Fais-leur risette, en passant.

Le conducteur se pencha tout en tournant le volant et déchiffra un écriteau en allemand.

— Que signifie… Stadt… Merde ! J’arrive pas à lire leurs fichues lettres gothiques, en plus !

— Stadtzentrum, ça veut dire centre-ville, répondit Antoine en faisant un rictus.

Boulan alla prévenir ses amis à l’arrière. Quand il revint, il récupéra son 45 et le glissa dans la ceinture, sur son ventre, puis reboutonna sa blouse par-dessus. Sentant un danger imminent, il regarda derrière eux pour vérifier que personne ne les entendrait, puis il se pencha vers le chauffeur.

— Jean-Paul…

— Ouais !

— Alice est enceinte, dit-il à voix basse. S’il m’arrive quelque chose, tu veilleras sur elle, d’accord ?

Surpris, Mazières dut mettre un coup de volant pour éviter une charrette à bœufs venant d’en face. Il était abasourdi et regardait son ami.

— Quoi… Qu’est-ce que tu as dit ?

— Regarde la route, espèce d’idiot ! répondit-il, sur un ton affectueux.

Son complice se gratta nerveusement le menton.

— Putain de merde ! Et tu l’as laissée venir avec nous ? Tu es le roi des cons, Antoine.

— Dis-moi, as-tu déjà essayé de contredire Alice ou de lui refuser quelque chose ?

— Oui.

— Tu as réussi à la faire taire ou à la convaincre de faire ce qu’elle ne voulait pas ?

— Heu… non… jamais !

Il laissa son ami digérer la nouvelle pendant qu’il marmonnait tout seul dans sa barbe.

— Tu es comme un frère pour moi et au cas où, je peux compter sur toi ?

Jean-Paul haussa les épaules.

— Je donnerais ma vie pour toi, ce sera pareil pour elle. N’empêche…

— Quoi encore ?

— T’aurais pu me le dire, hein ? Et je te rappelle ta promesse, tu sais que…

— Oui, tu seras le parrain ! Nous en avons déjà parlé avec Alice.

Un large sourire s’afficha sur le visage du chauffeur.

— Alors, ça me va ! Et toutes mes félicitations.

La circulation devint importante et hormis quelques véhicules civils, l’essentiel se composait de camions ennemis, de command cars et de beaucoup de motos, dont certaines avec des side-cars, qui allaient et venaient. Ils atteignirent enfin une grande place dans le centre-ville et ils comprirent aussitôt la cause du mini-embouteillage qui les ralentissait.

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